Le Festival Bleu Paris 2024 : ces onze courts-métrages qui vont nous plonger dans le Bleu

Publié le 2 mars 2024 à 19:35

Samedi 23 mars 2024 se tiendra au cinéma Le Luminor, dans le quatrième arrondissement de Paris, la deuxième édition du festival de court-métrage Bleu Paris, ouvert à tous les cinéastes, de tout âge et de toutes origines, qu’ils soient professionnels ou amateurs. Intitulée Passionnément bleu, elle mettra en lumière onze films, tous projetés en sélection officielle à partir de 19 heures.

 

Les spectateurs pourront ainsi découvrir 13 mètres de Cédric Martin et Matthieu Boivineau sur la vie d’un apnéiste, La Croix de Joris Fleurot (2023) sur une jeune graphiste débordée par les conséquences d’un rituel pratiqué avec une amie ou encore embarquer à bord du voilier Dance with Diatomée de Marianne Aventurier et Alex Voyer (2022).

 

Le bleu sera aussi exposé au public sous la forme d’un court-métrage d’animation avec Devenir souvenir de Mathilde Rallier du Baty (2023) ou d’un documentaire australien nommé This bond i and Bondi et réalisé par Carolyn Saul en 2021. La réalisatrice française Mathilde Rallier du Baty nous en dit plus sur la genèse du film qu’elle présente : Je suis retombée sur des photos d'enfance où j'avais quatre ans, sur une balançoire, et j'ai ressenti une certaine nostalgie, sans me souvenir pour autant de cet instant. C’est ce que Roland Barthes appelle ‘le puctum’, ce sentiment étrange qui va nous émouvoir face à une photo qui semble banale aux yeux des autres. J'ai donc cherché à réanimer ce souvenir, que j'avais perdu, en partant de cette série de photos, pour représenter l’émotion qu’elles me provoquaient”.

Le voyage autour de cette couleur se poursuivra ensuite sous l’océan avec Golden Sea de l’Ukrainien Erik Sémashkin (2023) puis sur Terre, dans les coulisses d’une publicité de compotes avec Prise Une de Thomas Chimer (2022). Puis, Maxine Meyer présentera son Annie (2023), une jeune femme qui cache un lourd secret, tandis que Hugo Roblin nous invitera dans l’intimité d’une conversation entre une mère et sa fille avec Les inconsolables (2023).

Mayssa Mehenni, Mathias Touret et Samy Sedkaoui plongeront les cinéphiles dans un monde futuriste avec Azur (2022) où l’héroïne est un robot domestique condamné à aider sa maîtresse humaine dans les tâches du quotidien. “On a été passionnés par cette question : comment un robot devient humain ? nous raconte Mayssa Mehenni. Soudain, un miroir se crée et on craint quelque chose qui nous ressemble alors qu’on l’a créé. Ce paradoxe était très intéressant.


Enfin, Alice Dontenwille conviera les festivaliers à mieux comprendre la folie de la sculptrice Camille Claudel grâce à Camille à corps perdu (2022). Une artiste emblématique dont l’histoire tourmentée a bouleversé la cinéaste. “Camille Claudel est une figure qui me touche énormément, explique-t-elle. Je sens dans ses œuvres, au-delà de la virtuosité indéniable, une sensibilité brute, à fleur de peau”.

Le bleu au cœur du processus créatif des courts-métrages

Dans tous ces courts-métrages, le bleu est au cœur des œuvres, comme le confient Mathias Touret et Samy Sedkaoui, co-réalisateurs d’Azur. Nous sommes super contents d’avoir été sélectionnés car notre film porte justement sur la célébration du bleu à l’image. Cette couleur a vraiment été au cœur de notre processus créatif, de la genèse du scénario jusqu’au résultat final. Chaque protagoniste représente une nuance différente de bleu, reflétant ainsi sa personnalité, ses aspirations et ses rêves. C'est un peu comme si le bleu devenait une seconde peau pour nos personnages, évoluant avec eux tout au long du film”. Et Mayssa Mehenni de renchérir : “On a vraiment construit notre film sur le bleu. C’était instinctif, ça nous plaisait. Le titre Azur fait référence à un style de bleu. Les costumes, le mood board, le stylisme, les images, les décorations, le maquillage sur les yeux de Lana… Il y avait une histoire autour du bleu qui donne son identité au film. On a beaucoup travaillé le bleu pour qu’il soit présent sans non plus être omniprésent”.

Azur de Mathias Touret et Samy Sedkaoui (2022)

De même, cette couleur fait partie intégrante de Camille à corps perdu.Le choix du bleu, associé à l’onirique, l’imaginaire, s’inscrit totalement dans le genre fantastique du film, raconte Alice Dontenwille. Il renvoie autant aux aplats de couleurs du cinéma expressionniste allemand, qu’au mouvement romantique et à l’art gothique du XIXème siècle, contemporains à Camille Claudel. Surtout, je tenais beaucoup à ce que toute la nuit orageuse qui sert de cadre au film soit un écrin bleuté avec des noirs très profonds. Toute la narration du film étant guidée par les émotions de Camille, mon but était que ce bleu pâle souligne la vulnérabilité, la fragilité émotionnelle du personnage. Ce bleu nocturne et surnaturel permet aussi de créer un vrai contraste entre le cœur du film et son épilogue, qui se déroule le matin mais est surtout une bascule de point de vue – là où l’entièreté du film se joue dans le regard de Camille, l’épilogue est un brutal retour au réel”.

Camille à corps perdu d'Alice Dontenwille (2023)

 

Un festival original

Au-delà d’une exploration du bleu, c’est aussi un concept qui plaît aux sélectionnés. Le festival est très original“, admet Alice Dontenwille. Je trouve ça fascinant d’avoir un corpus d'œuvres centré sur une couleur. Je suis impatiente de voir comment les autres films de la sélection incorporent et jouent avec le bleu ! “.  Un avis partagé par Mathilde Rallier du Baty : Quand j’ai découvert le festival, j'ai été ravie de l'originalité du regard qu'il porte sur les films. Devenir Souvenir était principalement axé sur le bleu, j'ai ressenti un lien immédiat avec ce que met en place ce festival, c'est-à-dire, mettre en valeur cette magnifique couleur. À la fois intense et douce, rassurante mais mystérieuse, elle porte le propos du film sur le souvenir, distant et pourtant familier”.

 

Au cours de cette soirée exceptionnelle, deux prix seront décernés. Le jury sera constitué d’Antoine Gaudin, professeur en études cinématographiques à Paris III Sorbonne Nouvelle, Lenice Pereira Badosa, docteure en cinéma, Hortense de Labriffe, déléguée générale pour l’association des producteurs indépendants, Manuel Schapira, réalisateur, nommé pour le César du meilleur court-métrage en 2013 pour Les Meutes, Françoise Noyon, directrice de la photographie, et Garance Cosimano, co-fondatrice et productrice chez No Yelling! Production. 

 

Ces six professionnels éliront leur favori tout comme le public, invité à donner son avis après la projection des onze œuvres. Si vous voulez en faire partie, les places pour le festival Bleu Paris sont désormais en vente.

 

Rédigé par Nastassia Dobremez


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